Atelier lectures Compte rendu du lundi 25 Avril 2016

 

 

Nous étions une bonne douzaine de lecteurs assidus à nous retrouver lundi 25 autour de deux livres très différents mais tout aussi magnifiques.

 

 

« Une forêt d’arbres creux » d’Antoine Choplin

Certaines connaissaient déjà le précédent livre d’Antoine Choplin « La nuit tombée » court récit d’une visite sur les lieux de la catastrophe de Tchernobyl. (il y a 30 ans ces jours-ci)

Ici il s’agit de revisiter la ville-ghetto de Terezin à travers l’œuvre de Bedrich Fritta célèbre peintre et caricaturiste tchèque emprisonné avec sa femme et son fils et chargé de dessiner avec ses collègues les plans du crématorium du camp. Ils produisent aussi des dessins chargés de dénoncer les « vraies » conditions de leur emprisonnement et les cachent …

Une belle unanimité pour ce texte remarquable de sobriété et de sombre poésie. En contrepoint du silence des lieux, la nature immuable et les arbres témoignent de la cruauté des

Nazis.

  

« La terre d’ombre » de Ron Rash

Le roman se déroule en Caroline du sud à la fin de la guerre 14-18. C’est un lieu reculé de la campagne où des combattants ont été recrutés pour aller se battre en Europe. Certains sont morts, d’autres sont  rentrés estropiés à vie comme Hank qui a perdu un bras. Tout cela a généré une haine farouche des Allemands. D’autant plus qu’il s’agit d’une population fruste aliénée par des préjugés ou croyances d’un autre âge. Une malédiction pèse sur Laurel considérée comme une sorcière parce qu’elle porte une tache de naissance. Son frère et elle survivent à l’écart dans un lieu très peu fertile et accumulent les malheurs. La malédiction s’étend donc aussi à « cette terre d’ombre ».

Cependant l’arrivée de Walter, jeune musicien, va transformer la vie de Laurel qui s’ouvre peu à peu à la vie. Ce personnage féminin a touché les lectrices qui y voient l’incarnation de l’espoir et de la lumière : peut-elle échapper au mauvais sort qui lui est fait face à la brutalité des hommes, elle qui découvre la beauté dans le chant de la flûte, dans la nature omniprésente, et dans l’amour pour cet homme dont elle ne sait rien ?

L’auteur a su utiliser les descriptions pour faire sentir cette osmose entre les personnages et la nature. La tension est maintenue jusqu’à la fin où la tragédie resurgit, brutale et cruelle, frappant aveuglément Hank et Laurel qui deviennent les boucs-émissaires d’une guerre lointaine.

 

En parallèle, ont été évoqués d’autres romans de Ron Rash comme « Le monde à l’endroit », « Serena » et « le chant de la Tamassee ». On y retrouve la même violence entre les personnages sur fond de guerre où il s’agit souvent de tuer pour survivre. Mais certains réussissent à s’élever grâce à l’instruction ou une ouverture vers la beauté ou un sacrifice…

L’importance de la nature qui doit être préservée est chaque fois présente. Cette nature peut devenir angoissante quand l’eau de la rivière envahit tout, même la mémoire des hommes.

Le roman est là pour rappeler ce qu’a été la vie des habitants de ces lieux reculés, englués dans l’ignorance et l’intolérance.

Citons l’auteur lors d’une interview : « les Américains croient qu’ils n’auront jamais à affronter les conséquences de leurs actes et ils avancent sans se poser de questions. »

 

 

Autres livres lus et appréciés :

 

Richard Flanagan : « La route étroite vers le nord lointain » chez Actes Sud

Valentine Gobi : Kinderzimmer ( Actes sud )

Léonor de Récondo : Amours ( Sabine Wespeiser )

Annie Ernaux : Mémoire de fille ( Gallimard)

 

RV est pris pour le lundi 23 Mai autour de Winckler : « le chœur des femmes »

« Abraham et fils » et « En souvenir d’André »

 

Nous reviendrons sur « Kinderzimmer » le 20 juin…Bonnes lectures !         Y.B et F.L.